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     Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius

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    MessageSujet: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptyVen 17 Oct - 20:19

    Burning heart and flesh
    Vran Arcadius & Leean Brawick
    Un éclat, quelques cris. J'ignorais si nous étions le jour ou la nuit. Mes yeux s'ouvrirent, mon esprit s'éveilla. Je me mis à trembler. Chaque parcelle de mon corps bougeait frénétiquement. Le froid ? La peur ? Tout se mélangeait et je ne différenciais plus mes sentiments de mes ressentis. Cette couverture... je la jetai, l'éloignant alors qu'elle me tenait au chaud dans cette cage givrée. Je tremblais comme une feuille en plein vent. Soudainement, je me lève et reprends la couverture, la balançant contre le mur sur lequel il m'avait attachée. Des sanglots de colère. Ce qu'il m'a fait a détruit un équilibre. Il m'avait brisée, à nouveau, retourné des plaies qui allaient se panser. Il les avait chamboulées et laissées tel quel. Or je n'étais pas en état de considérer les choses sous un nouvel angle. William avait lavé un crime pour me laisse accuser le coup d'un second. Il ne m'avait pas l'air de s'en réjouir, j'ignorais si cela faisait partie de l'un de ses jeux sadiques, mais le goût amer que cela me laissait me rendait folle...

    Folle... oui, je perdais la raison. Prenant ma tête dans mes mains, je cris tout en retenant ma voix, pleurs tout en retenant mes larmes. Ma tête va exploser... Je me laisse tomber à genoux. Je devenais folle, comme les autres prisonnières. La faim, la souffrance, la solitude, la violence, l'ombre, le froid, tout cela mettait mon cœur à vif, laissant mes peurs et mes cauchemars accompagner chacune de mes inspirations. Des pleurs. Encore. Je fondis en larme en heurtant le sol aussi sale que les haillons qu'on m'avait apporté après son départ. Le pire dans la folie, ce n'était pas d'y sombrer, mais d'avoir conscience que tous les chemins que l'on prend vont fatalement nous y mener. Je me voyais me consumer, m'éteindre à petit feu. A nouveau, mes yeux se ferment. Son souffle tiède... ses mains brûlantes... sa voix rauque... son corps chaud... Sors de ma tête, suppliai-je dans un sanglot. Si seulement il pouvait disparaître... Si seulement...

    Combien d'heures s'étaient écoulées ? Je me relève non sans peine. A nouveau tremblante et fébrile. Sortirai-je un jour de cet enfer ? C'est une question qui méritait réflexion. La reine ne ferait rien pour moi, effectivement, je commençais à le croire : pourquoi s'embêter avec de telles affaires ? Ils ont beau me prendre pour une Méliana, la reine pourrait ne pas y croire elle. Et arrivera un jour où ils le sauront aussi et où ils me tueront. Ou pire. Je préférai ne pas y penser. Rejoignant ce qui me servait de paillasse, je m'y assis, collant mes épaules au coin. Il avait beau être froid, au moins il me donnait un sentiment de sécurité. Je ne saurais expliquer ce sentiment qu'il me procurait. Le temps était long mais je n'en n'avais plus tellement la notion. Alors à nouveau, je ferme les yeux, la tête plongée dans mes bras posés sur mes genoux. Recroquevillée ainsi, mes pensées allèrent à ma famille, si loin de moi en Tanaïs.
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    Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius Empty
    MessageSujet: Re: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptySam 18 Oct - 5:41

    Les cachots. Une sorte de cours des miracles. On y trouvait de tout. Vraiment de tout. On ne pouvait jamais savoir à l’avance ce qu’on descendait y faire. Ce n’était pas comme si ça se bousculait dans cet endroit. Il y faisait froid et humide. Il y régnait une odeur rance qui se mêlait parfois à celle de la merde et de l’urine. Les murs suintaient, le sol en terre avait parfois du mal à absorber l’eau qui s’infiltrait et il fallait en passer par des flaques qui se formaient et mettaient un temps fou à se résorber. Les cachots n’attiraient pas tous les Paliontos, loin s’en faut, mais les pires, ça, c’était certain. Vran était de ceux-là. Il n’avait strictement rien à faire ici, officiellement, mais il n’était pas rare de le voir y faire une descente. Il était apprécié des gardes parce qu’il n’était pas avare en pièces d’or sonnantes et trébuchantes. En contrepartie, on le laissait, dans la limite du raisonnable, s’adonner à ses petits plaisirs sordides et coupables. Il en avait tant qu’il était impossible de tous les énumérer. Vran Arcadius avait l’imagination fertile dès qu’il s’agissait de nuire à son prochain, et nuire à son prochain était un domaine dans lequel il excellait.

    Dernièrement, il avait organisé un duel dans les cachots, un duel qui n’avait par ailleurs de duel que le nom. Vran avait choisi un misérable paysan diminué par les mauvais traitements et lui avait fait mettre une épée dans la main. Le pauvre bougre n’en avait jamais tenu une de sa vie, au contraire du Palionto. C’était un combat plus que déloyal. Il avait pourtant duré longtemps et le paysan avait enduré mille morts, mille estafilades, puis blessures, coupures, coups, humiliations, il avait pleuré, supplié, agonisé sous les rires des gardes et de certains autres Paliontos. Vran ne l’avait même pas achevé à l’épée, sa belle épée incrustée de pierreries qui n’avait jamais goûté à l’âpreté d’un champ de bataille. Il avait sorti une dague et, blasé, avait poignardé le misérable à plusieurs reprises, le sourire aux lèvres. Quand il en eut fini, sa belle tenue était maculée du sang du paysan, son visage aussi, qu’il essuya à l’aide d’un mouchoir brodé qui valait bien plus cher que ce qu’aurait jamais pu se payer sa victime dans son existence. Puis Vran était reparti comme il était venu, nonchalamment. Pas certain que cet acte de cruauté gratuite lui pèse sur la conscience. Deux minutes plus tard, il n’y pensait déjà plus, songeant à repaître son âme sombre de nouveaux plaisirs sordides.

    Qu’allait-il se passer aujourd’hui ? Qu’allait-il faire ? Il n’en savait rien. Il improviserait. Il avait sorti sa dague et errait dans les cachots. Le sourire aux lèvres, il faisait ripper la lame contre le mur, ce qui produisait immanquablement un son désagréable. Mais on ne lui disait rien, on s’écartait de son chemin avec déférence : il payait bien. Vran rangea son arme. Au détour d’un couloir, il aperçut une jeune femme prostrée dans sa cellule. La voir dans cet état lui procura une certaine jouissance. Il sentit son sexe se durcir. Il repoussa sa cape sombre et réajusta sa combinaison violette rehaussée de broderies noires, ôta ses gants et renifla d’une façon méprisante. Il fit signe à un garde et lui posa quelques questions à voix basse. Ses réponses le laissèrent songeur. Le Palionto demanda à ce qu’on lui ouvre la cellule. Il interpella la jeune femme et examina ses traits ainsi que son corps. Jeune, belle, un visage qui respirait l’innocence et la tristesse. Il trouva cela excitant. La première idée qui traversa l’esprit pervers de Vran, ce fut de mettre son sexe turgescent dans sa jolie petite bouche aux lèvres joliment dessinées et de se vider les bourses sans autres formes de procès avant de repartir aussitôt. Mais à bien y regarder, cette petite chienne méritait vraiment que l’on s’y attarde. Elle était digne de faire le repas entier : entrée, plat, dessert et digestif. Elle avait de belles formes. Il décela chez elle du potentiel. Si elle n’était pas trop bête, il y avait de quoi faire et s’amuser…

    Le Palionto claqua des doigts. On lui apporta un tabouret en bois sur lequel il déposa sa cape puis ses armes : épée et dague.


    - Laissez-nous. Dit-il sèchement à l’adresse du garde. Il lui glissa une pièce dans la main. Ne reparaissez pas.

    Il s’accroupit afin d’être à hauteur de la jeune femme et la dévisagea.

    - Je me nomme Vran, Vran Aracadius. Qui es-tu ? Je veux seulement discuter avec toi, mais je te préviens, si tu es une Méliana et que tu tentes quoi que ce soit, tu le regretteras amèrement. Parle-moi, conte-moi ton histoire, montre-toi ouverte et amicale, et tu auras tout à y gagner.
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    MessageSujet: Re: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptySam 18 Oct - 10:30

    Burning heart and flesh
    Vran Arcadius & Leean Brawick
    Les loups crient chaque nuit comme à un appel pour leurs sens. La lumière tamisée enrobait les cris et les odeurs des futures carcasses. Ils nous laissaient pourrir dans ces geôles et chaque jour qui passe est comme une sentence. Combien d'âmes s'étaient échouées dans ces limbes ? Combien allaient encore s'y perdre ? Un bruit strident réveille quelques murmures tapis dans l'ombre. Je resserre mes poings. Encore un dégénéré qui venait nourrir son appétit décadent sur de pauvres frêles prisonnières que l'on s'échinait à affamer et dessécher ? Ne pouvaient-il pas se contenter de leurs esclaves qui grouillaient par plusieurs dizaines dans le château ? Ou tout cela faisait partie intégrante du supplice qu'on désirait nous infliger ? Nous détruire, petit à petit, lentement pour qu'on ne voit pas la mort arriver tant on l'espère venir à chaque fois que les grilles s'ouvrent ? Laissez-nous. Mon visage sort de la pénombre de mes bras croisés pour se poser sur cette voix sans visage. Non sans peine, je décelai les traits du visiteur. Ne réapparaissez pas, poursuivit-il en glissant quelque chose dans la main.

    Intriguée, je l'étais. Mais ma curiosité s'était bien calmée depuis le début de mon séjour. Au vu des sévices que l'on pouvait nous infliger, je réprimais toute envie de savoir. C'était contre moi-même, mais cela n'avait rien d'un jeu, à vouloir voler trop haut, même un oiseau se brûle les ailes. Savoir ce que cherchait cet homme ne m'intéressait pas. Ses grandes parures, ses effets, pas l'ombre d'un doute qu'il s'agissait d'un noble Palionto. Cela me rendait encore moins curieuse. Comme si une brise glacée m'effleurait, je tremblai un bref un instant avant de détourner le regard et resserrer mes bras autour de mes jambes. Un silence. Je pouvais sentir ses yeux lugubres m’ausculter. Je me nomme Vran, Vran Aracadius. Qui es-tu ? Demande-t-il en me toisant du regard. Je veux seulement discuter avec toi, ajouta l'homme à mon silence, mais je te préviens, si tu es une Méliana et que tu tentes quoi que ce soit, tu le regretteras amèrement, je n'en suis pas, puis-je tenter alors ? Je n'avais pas la force pour me battre. Pas maintenant, pas après ce que j'avais enduré. J'étais si faible que je ne parvenais même pas à le jauger, à le lire. Aucun choix ne s'offrait à moi. J'étais trop vulnérable pour chercher à le contourner. Parle-moi, conte-moi ton histoire, montre-toi ouverte et amicale, et tu auras tout à y gagner, conclut l'invité. Mon regard se porta au sien.

    Me montrer ouverte ? Conter mon histoire ? Je n'étais pas celle que les Paliontos pensaient. Je n'étais rien. Un tissu de mensonges sur un rasoir émoussé, voici mon histoire. Je crains de ne rien à vous conter, prononçai-je d'une voix douce et brisée. Comme si cela faisait une éternité que je n'avais parlé. Chaque mot écorchait la gorge. Je profitai de ce bref échange pour déceler ses contours. Il ne m'avait pas l'air d'être une brute incorrigible comme William. Bien que son regard était animé d'une lueur perfide, sa lubricité n'était pas aussi évidente que le roi Erom. Je ne dirais pas que je pourrais laisser ma confiance à une telle personne, mais déjà il m'effrayait moins que les autres. A tord ou à raison ? Comme si j'avais assez d'esprit pour en juger... Ma candeur était rudement mise à l'épreuve en ces lieux où tout n'est que machination, violence et tourments. Je luttais pour que la noirceur de ces lieux n'assombrisse pas mon âme. Mais ma pureté envolée, je n'avais plus aucune barrière. Et le mal attendait patiemment le moment ou je lâcherai prise pour m'assiéger et dérober le peu de bien qui résidera alors dans mon cœur. Si je parvenais à sortir d'ici, je ne serais plus là même. Cela m'effrayait tellement... j'appréhendais ma liberté autant que ma captivité. J'étais coincée, prise entre deux feux qui ne parvenait pas à s'éteindre mais se propager encore et toujours.
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    MessageSujet: Re: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptyMar 21 Oct - 10:59

    Le barabare n’était absolument pas satisfait du comportement de la captive, ni par sa réponse laconique. En fait, il la trouvait carrément amorphe. Il en revint à son dessein premier, mettre son sexe dans sa bouche, prendre son plaisir et s’en aller. Mais quel intérêt dans cette configuration ? Elle était incapable de donner le meilleur d’elle-même en l’état actuel des choses. Vran réfléchissait ponctuellement avec sa queue, mais il n’était pas suffisamment stupide pour savoir que sa queue pouvait, à l’occasion, s’avérer mauvaise conseillère. Naturellement, il avait envie de se soulager, mais c’était constant chez lui, et par ailleurs, chez la plupart des barbares. Des chiennes, il pouvait en baiser beaucoup, il n’en manquait pas en Herimor, et à disposition. Là, il était question de jeu. Donc de subtilité et de prendre son temps. Cependant, en valait-elle seulement la peine ? Avait-elle le tempérament et le caractère pour ? Pourvoirait-elle au plaisir et à l’amusement escompté ? Elle avait pour elle la jeunesse, une beauté incontestable, et ses misérables haillons laissaient deviner un corps aux formes aguicheuses. Elle avait de jolis yeux, des traits fins, une peau blanche qui ne la rendait que plus désirable, de jolies lèvres. Sa blondeur rehaussait le tout. Le Palionto estima donc que le jeu en valait la chandelle. Il ne pouvait attendre de la jeune femme qu’elle soit vive, alerte et totalement ouverte dans la situation qui était la sienne. La privation de liberté dans ces conditions était aussi faite pour briser l’individu, le faire souffrir. Un choix à faire : la contraindre ou la laisser là, à son triste sort. Il existait une troisième voie. Elle requerrait sans doute de la patience, mais elle serait incontestablement la plus divertissante. Et à vrai dire, toute la stratégie reposerait sur les aprioris, le vécu, et le contraste…

    Le Palionto claqua de nouveau des doigts pour appeler un gardien. Il sortit une jolie bourse de sous sa cape de laquelle il extrait une pièce d’or qu’il fit rouler entre son index, son majeur et son annulaire. Son regard ne quittait pas celui du geôlier à la mine patibulaire.


    - Une pièce. Elle est belle n’est-ce pas ? Avec elle, tu peux t’en offrir des choses ! Elle est à toi. Apporte de la paille pour qu’elle ne soit pas à même le sol. Je veux qu’elle dispose d’une meilleure paillasse, des vêtements dignes de ce nom, c’est-à-dire propres et qui la couvrent, une autre couverture. Fais apporter un drap que l’on tendra pour la dissimuler à la vue d’autrui. Et enfin, un baquet que l’on remplira d’eau fumante. Et du savon !

    Vran entraîna le garde à l’écart et murmura à son oreille.

    - Je ne veux voir personne la harceler. C’est bien compris ? Cette petite putain est à moi. Personne ne porte la main sur elle. Autrement, je trouverai un outil adéquat pour briser chaque os de celui qui se sera avisé d’aller à l’encontre de cette consigne. Mais pas avant de lui avoir arraché les couilles et de les lui avoir préalablement fait bouffer en veillant à ce qu’il mastique bien. Fais passer le message. Cette chienne porte la marque de Vran. C’est une marque invisible, mais elle existe ! Quant à toi, si tu exécutes mes instructions à la lettre, ce n’est pas une, mais trois pièces d’or qui viendront récompenser le mal que tu te seras donné… Maintenant, va, ne me fais pas attendre.

    Le barbare revint dans le cachot, s’agenouiller auprès de la captive.

    - On a tous une histoire. La mienne, c’est que j’ai honte de l’attitude de mes congénères, alors j’use de mon influence pour aider comme je le peux. J’essaye de réparer les choses parce que je pense que la solution est ailleurs que dans la guerre et la haine.

    Vran se demandait souvent comment il faisait pour sortir autant de sornettes avec tant d’aplomb et de facilité. C’était l’une de ses dispositions naturelles, et le jeu l’exigeait.

    - Je suis ici pour t’aider, mais seulement si tu veux bien de mon aide…
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    MessageSujet: Re: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptyMar 21 Oct - 11:42

    Burning heart and flesh
    Vran Arcadius & Leean Brawick
    Fermée, je restai méfiante. Me demander ce que j'avais bien pu faire pour mériter tels traitements ne m'amènerait à rien. Il fallait faire face. Mais c'était dur... bien trop dur... Tout ça ne me paraissait qu'à peine réel ; cette violence, cette perversité dans le regard des hommes. Ça ne pouvait pas être vrai. Ça ne pouvait pas exister... D'un claquement de doigts, le visiteur fit venir le gardien et lui adressa ces mots : une pièce. Elle est belle n’est-ce pas ? Avec elle, tu peux t’en offrir des choses ! Elle est à toi. Apporte de la paille pour qu’elle ne soit pas à même le sol. Je veux qu’elle dispose d’une meilleure paillasse, des vêtements dignes de ce nom, c’est-à-dire propres et qui la couvrent, une autre couverture. Fais apporter un drap que l’on tendra pour la dissimuler à la vue d’autrui. Et enfin, un baquet que l’on remplira d’eau fumante. Et du savon ! Je fronçai les sourcils. Non... pensai-je. Il m'achetait. Une seule raison à cela, s'approprier mes faveurs... Je ne voyais rien d'autre qui justifierait tant de peine. Je voulais protester, refuser tout ça. Mais aucun mot ne quitta mes lèvres. Alors qu'il s'entretint plus discrètement avec le garde, je plongeai mon visage dans mes mains.

    Ma respiration était forte, trahissant l'effort que je faisais pour ne pas pleurer. Qu'il me laisse. Il y avait bon nombre d'autres prisonnières qui seraient probablement plus enjouées à l'idée de se vendre pour un bain et des vêtements plus chauds. Ce n'était pas mon cas. Allai-je finir par regretter William et son mépris naturel ? Aucune idée. Ce dont j'étais sûre, c'était que la gentillesse de l'homme qui retournait vers moi était bien plus douteuse. Un homme qui fait le mal, on s'attend à ce qu'il soit mauvais, un homme qui se montre attentionné et soucieux, on ne sait jamais quand ni comment il demandera un retour. On ne sait pas quand il sera, à son tour, mauvais. On a tous une histoire, reprit-il. La mienne, c’est que j’ai honte de l’attitude de mes congénères, alors j’use de mon influence pour aider comme je le peux. Je relève la tête et le regarde. J’essaye de réparer les choses parce que je pense que la solution est ailleurs que dans la guerre et la haine. C'est faux, ne puis-je m'empêcher de penser. Mais je ne faisais qu'essayer de me convaincre. Frénétiquement, je bougeai ma tête de droite à gauche, ne voulant croire une seule de ses paroles. Je suis ici pour t’aider, mais seulement si tu veux bien de mon aide… Qu'il arrête... une âme charitable chez les Paliontos ? Au fond de moi, j'avais tellement envie que cela soit vrai, de trouver une lumière dans ces ténèbres qui s'étendaient partout en ces lieux.

    Dans les couloirs, on s'agitait. Les gardes exhaussaient-ils vraiment ses souhaits ? Je ne vous apporterez rien en retour, vous gaspillez votre temps, prononçai-je de ma voix douce et faiblissante. On ne pourra pas dire de moi que j'ai le don d'élocution. Je me souviens que même sur les marchés certains clients me demandaient pourquoi je n'attirais pas la foule en criant mes offres. Mon père avait cette faculté d'attirer les gens par la parole. Moi je n'étais pas particulière intimidée par les autres, mais je n'étais pas bien bavarde et n'aimais pas être remarquée. Ce qui fait que j'ai gardé une voix calme et basse, apaisante selon ma petite sœur à qui je chantonnais des comptines. Son visage... son rire... tout ça me manquait tellement... Je n'ai rien à voir avec cette guerre... avouai-je tristement. J'imagine qu'on va me compter parmi les dommages collatéraux, m’exécuter ou finir par m'oublier dans ce trou à rats, ajoutai-je avec une once de colère dans ma voix. Ce n'était pas vraiment mon histoire, ni un résumé, ni une introduction. C'était mon présent, ce que je ressentais importait peu, seul le résultat allait rester. Plus les jours avançaient et plus je me faisais à l'idée que jamais je ne reverrai ma famille, jamais plus je ne foulerai les terres de Tanaïs ; les champs de culture, les forêts où l'on chassait, les villes où on flânait... tout ça me manquait et leur seul souvenir brûlait mon cœur de mélancolie.
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    MessageSujet: Re: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptyVen 24 Oct - 12:55

    - Je ne vous apporterez rien en retour, vous gaspillez votre temps. Je n'ai rien à voir avec cette guerre... J'imagine qu'on va me compter parmi les dommages collatéraux, m’exécuter ou finir par m'oublier dans ce trou à rats.

    - Toujours sur la défensive, hein ?

    Le Palionto prit sa cape et ses armes puis s’assit sur le tabouret de la cellule, laissant reposer son dos contre le mur humide derrière lui. Il resta un moment silencieux, regardant fixement celle qu’il considérait à présent comme sa proie.

    - Une telle lassitude dans la voix, ton attitude, tes expressions. Tu n’es pas une Méliana.

    Vran sourit.

    - Une Méliana m’aurait sauté dessus depuis longtemps pour tenter, en vain, de m’arracher la gorge avec les dents… Bien. On va essayer de revoir les choses dans l’ordre. Je me suis présenté. Pas toi. Un Palionto ne se présente jamais à une esclave. Il n’en a pas besoin. C’est une femelle, une moins que rien. Elle écarte les cuisses, de gré ou de force, peu importe, et reçoit sa noble récompense. Je ne t’ai pas prise.

    Lorsqu’un Palionto se présente, la personne en face se présente à son tour. Autrement, c’est un affront. Les Paliontos réagissent extrêmement mal aux affronts, surtout lorsque ceux-ci émanent d’une femelle, qui plus est captive et à leur merci. Une faute appelle une punition. Celle-ci est fonction de chaque individu. Me concernant, élargir ton sourire avec ma dague me semble un bon début. Tu n’as pas envie de connaître la suite. Mais passons. Je conçois qu’en ce lieu, quand quelqu’un se présente à toi avec de bonnes intentions, tu n’y croies pas. Reste ton attitude. Quoique tu penses en ton for intérieur, quelque Palionto que ce soit qui se présente à toi ici, je te conseille d’adopter de la déférence sous peine de voir ta situation considérablement s’aggraver. Médite là-dessus…


    Vran posa les coudes sur les genoux et approcha son visage de la jeune femme.

    - Tu n’as rien à voir avec cette guerre ? Bien. J’imagine que cela n’a aucune importance. Les miens prennent ce qu’ils veulent, qui ils veulent quand ils veulent. Je ne sais pas trop pourquoi on t’a capturée, je peux seulement faire des suppositions. Tu as plu à mes frères et ils se sont vu te prendre à maintes reprises dans diverses positions. J’imagine que ce doit être quelque chose comme cela. Alors oui, tu es un dommage collatéral, si tu veux. Tu étais là, et voilà. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais si ça peut te consoler, nul n’est à l’abri de nous en ce pays.

    À vrai dire. J’ignore ce que l’on te réserve. Peut-être es-tu une commande ? Certains d’entre nous ont des goûts très précis. Peut-être es-tu encore libre ? Je ne sais pas. Mais je doute qu’on t’exécute ou qu’on t’oublie. Plus probablement, tu feras une reproductrice, peut-être une domestique. Il n’est pas impossible non plus que tu atterrisses dans un de nos nombreux bordels où tu satisferas à toutes les exigences de mes frères. Mais non, on ne t’oubliera pas. Je doute également que tu restes à te morfondre ici, à donner ton cul à tous les Paliontos qui voudront bien faire l’effort de descendre dans ce cloaque…

    Bien. J’ai été réellement heureux de faire ta connaissance. Je te souhaite de trouver un maître compréhensif.


    Vran se leva pour faire mine de quitter le cachot.

    - Ah, j’oubliais. Ce que j’ai demandé pour toi ne va pas tarder à arriver. Profites-en sans hésiter. Tu ne me dois rien et je n’attends rien en retour. Met toi en valeur. Ça te fera du bien et tu échapperas peut-être ainsi aux pires avanies. Bon courage pour ta future vie…
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    MessageSujet: Re: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptyVen 24 Oct - 14:38

    Burning heart and flesh
    Vran Arcadius & Leean Brawick
    M'essayer au mensonge c'était comme tirer à l'arc sans cible. L'honnêteté était un principe fort que l'on m'avait inculqué, le balayer n'était pas chose facile. Pourtant, j'avais déjà mentis. Cela avait toujours été dans l'intérêt de quelqu'un à qui je tenais, ou qui me semblait mériter que je mente. Ici c'était un total fiasco. Fabuler pour assurer que l'on ne me détruise pas était probablement l'une des pires idées que j'ai pu avoir dans ma vie. La comédie était dure à jouer, je n'étais pas une comédienne et de plus, j'étais fatiguée. Fatiguée de constamment me battre, de voir mes sentiments se gorger d'espoir puis finir anéantis. Je n'y arrivais plus... Je ne tenais plus... Me raccrocher au souvenir de ma mère et de ma sœur ne suffisait plus à me maintenir debout. Au contraire, à penser à ce qu'elles étaient devenues, aux moments difficiles qu'elles passaient à se demander où je suis, à ne plus pouvoir compter que sur elles seules, cela m'accablait. J'avais l'impression de les avoir abandonnées... pour toujours. Toujours sur la défensive, hein ? Je le voyais tel un vautour attendant patiemment que sa proie se meurt pour se repaître de sa chaire encore fraîche. Qu'allait-il encore m'arriver...

    Ce Vran Arcadius prit place dans la cellule, me toisant du regard, silencieusement avant de souligner l'évidence. Une telle lassitude dans la voix, ton attitude, tes expressions. Tu n’es pas une Méliana. Je laissai ma tête pencher pour se poser contre le mur, échappant un sourire bien plus las encore que ma voix. Oh mon intonation n'a jamais été très vive ou dynamique. Toujours très douce, peu audible lorsque autour le monde s'agite. Pendant les marchés, feu mon père me l'avait souvent reproché. Mais je n'y arrivais pas, forcer ma voix. Crier m'était déjà arrivé, mais si rarement qu'il m'arrivait de croire que si je le faisais vraiment, alors ma voix se briserait en mille petits morceaux. Des idées enfantines qui pourraient faire rire les plus sérieux. Cette naïveté n'était cependant pas toujours un défaut. Ma candeur me protégeait de certains cauchemars. Même si j'ai bien peur que les pires m'étaient déjà arrivés. Une Méliana m’aurait sauté dessus depuis longtemps pour tenter, en vain, de m’arracher la gorge avec les dents… Les Mélianas... j'en venais à les détester pour me laisser croupir ici. Je suis sûre qu'une fois passées entre les griffes acérées du roi et des besoins primaires des chevaliers Paliontos, bien des Mélianas seraient aussi accablées que je le suis à présent. On ne mange pas, l'eau que l'on daigne nous apporter a le goût du fer et de l'acier, la couleur opaque qui vous écœure. Les Mélianas sont des êtres humains. Pas des dieux. Ces conditions de vie pouvaient venir à bout de tous. Ce n'est qu'une question de temps, finalement.

    Mais il avait raison. Je n'étais pas une Méliana. Et je n'en serai jamais une. Me battre, pour une cause ou une autre, ce n'est pas dans mes cordes. Je tempère, adoucis les conflits, trouve des compromis, reste à l'écart des parties et dresse un terrain d'entente. Si Paliontos et Mélianas ne peuvent vivre en harmonie, alors qu'ils restent chacun dans leur coin et ne cherchent pas à contrôler leurs voisins. C'est une absurdité. Certes, les terres de Tanaïs sont enviables : fertiles, riches en eau douce, variables et agréables. Mais ces barbares sont bien fiers de leurs terres arides et de leurs conditions difficiles non ? Cela les renforcent et ils aiment la force, pourquoi donc aller voir ailleurs ? J'ai entendu des légendes racontant qu'ils tuaient les enfants filles et qu'ils se reproduisaient avec les esclaves. C'est sûrement vrai, peut-être pas une généralité, mais déjà, s'ils comprenaient l'utilité de chaque être humain, alors peut-être qu'ils n'auraient pas besoin d'aller enlever des femmes dans d'autres contrées. Simple bon sens. Bien. On va essayer de revoir les choses dans l’ordre. Je me suis présenté. Pas toi. Un Palionto ne se présente jamais à une esclave. Il n’en a pas besoin. C’est une femelle, une moins que rien. Elle écarte les cuisses, de gré ou de force, peu importe, et reçoit sa noble récompense. Je ne t’ai pas prise. La vision des Paliontos était si manichéenne... On voit aussi de belles perles du genre côté Mélianas, mais les femmes sont moins primales que les hommes il faut croire.

    Mon manque de manières sembla vexer mon visiteur. En même temps, à quoi s'attendait-il ? Une femme torturée, violée, assoiffée, affamée, ce ne sont pas vraiment les conditions rêvées pour s'engouffrer dans des cordialités et des courbettes qui n'ont, de toute façon, jamais tellement fait partie de mon quotidien. La courtoisie était naturelle envers les personnes que je ne connaissais pas et envers celles que je connaissais. Mais il est vrai que pour mes tortionnaires, je ne m'étalais pas en platitudes de ce genre. Lorsqu’un Palionto se présente, la personne en face se présente à son tour. Autrement, c’est un affront. Les Paliontos réagissent extrêmement mal aux affronts, surtout lorsque ceux-ci émanent d’une femelle, qui plus est captive et à leur merci. Une faute appelle une punition. Celle-ci est fonction de chaque individu. Me concernant, élargir ton sourire avec ma dague me semble un bon début. Tu n’as pas envie de connaître la suite. Mais passons. Je conçois qu’en ce lieu, quand quelqu’un se présente à toi avec de bonnes intentions, tu n’y croies pas. Reste ton attitude. Quoique tu penses en ton for intérieur, quelque Palionto que ce soit qui se présente à toi ici, je te conseille d’adopter de la déférence sous peine de voir ta situation considérablement s’aggraver. Médite là-dessus… Me conseilla Vran. Je fermai les yeux, refrénant l'arrivée de tremblements au souvenir du contact des lames dans mon dos. Un cauchemar. Je vais me réveiller. Tout va bien se passer. Je vais me réveiller. Mon for intérieur ne pensait pas grand chose, noué par la peur et l'abdication.

    Un bruit me signala que l'hôte se levait. J'ouvris à nouveau les yeux et le vis s'approcher de moi. Mes yeux se plissaient, comme s'ils craignaient un assaut intempestif. Ces hommes étaient complètements instables et imprévisibles. Comment ne pas être sur la défensive et préférer la déférence ? S'il était à ma place, peut-être comprendrait-il. Mais il ne l'était pas. Il ne le sera probablement jamais. J'occultai donc ses faux principes et sa science de la domination, mettant cela sur le compte de son ignorance. Je n'allais pas lui reprocher de ne pas avoir subi mon sort. Je ne lui souhaitais pas. Je ne le souhaitais à personne ici. Sauf peut-être au roi Erom. Mais lui, des sévices bien pires l'attendaient en enfer. Tu n’as rien à voir avec cette guerre ? Bien. J’imagine que cela n’a aucune importance. Les miens prennent ce qu’ils veulent, qui ils veulent quand ils veulent. Chose que j'avais appris à mes dépends... Je ne sais pas trop pourquoi on t’a capturé, je peux seulement faire des suppositions. Tu as plu à mes frères et ils se sont vu te prendre à maintes reprises dans diverses positions. J’imagine que ce doit être quelque chose comme cela. Une sueur froide me traverse à ces mots, me faisant forcer l'étreinte que j'avais sur mes genoux resserrés. Alors oui, tu es un dommage collatéral, si tu veux. Tu étais là, et voilà. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais si ça peut te consoler, nul n’est à l’abri de nous en ce pays. Encore une fois au mauvais endroit et au mauvais moment. Sors de ma tête... m'ordonnai-je en pensée. Je devenais folle, à entendre sa voix dans ma tête, à le laisser me torturer alors qu'il est probablement à l'autre bout du monde...

    Depuis son départ, je n'espérais qu'une chose : que les souvenirs douloureux qui m'a laissé prennent le large avec lui. Mais c'était impossible. J'étais probablement trop faible psychologiquement pour que ses paroles ne m'atteignent plus, pour que les gestes qu'il a posé sur moi s'évapore comme on chasserait la poussière d'un passage de chiffon. À vrai dire. J’ignore ce que l’on te réserve. Malheureusement, j'avais une petite idée de ce que le roi attendait de moi. Un animal de compagnie pour la pauvre princesse qui lui servira de reine. J'ignore pourquoi je persiste à vouloir rester en vie... Si c'est pour vivre ainsi, enchaînée, à la merci de tous, aux ordres de tous, alors peut-être que la mort a plus de valeur que je ne veux le croire... Peut-être es-tu une commande ? Certains d’entre nous ont des goûts très précis. Peut-être es-tu encore libre ? Je ne sais pas. Mais je doute qu’on t’exécute ou qu’on t’oublie. Plus probablement, tu feras une reproductrice, peut-être une domestique. Il n’est pas impossible non plus que tu atterrisses dans un de nos nombreux bordels où tu satisferas à toutes les exigences de mes frères. Mais non, on ne t’oubliera pas. Je doute également que tu restes à te morfondre ici, à donner ton cul à tous les Paliontos qui voudront bien faire l’effort de descendre dans ce cloaque… J'avais envie qu'on lui arrache la langue, qu'il se taise. Comment pouvait-on être aussi bavard face à quelqu'un qui ne parle pas ? Je comprenais bien que certains avaient besoin de s'exprimer sur ce qu'ils pensent, d'évoquer à haute voix leurs déductions et leur science, mais je n'étais pas vraiment la meilleure oreille présentement. Non, je voulais juste qu'il s'en aille avec ses bonnes et mauvaises intentions.

    Pour une fois depuis que je suis arrivée ici, mon vœu sembla s'exhausser de lui-même. Bien. J’ai été réellement heureux de faire ta connaissance. Je te souhaite de trouver un maître compréhensif, conclut le Palionto. Un maître... sérieusement ? Compréhensif ? En Hérimor ? Encore mieux. Tellement improbable. Ici les hommes étaient tous des monstres, à des niveaux différents, mais tous des monstres. Cet homme l'était sûrement aussi. Peut-être moins pire que les autres, mais certainement pas Palionto pour rien, non ? Il se leva, se dirigeant vers la sortie. A mesure qu'il s'éloignait je reprenais mes esprits. Je peinais à trouver un sens à sa visite... Ah, j’oubliais. Ce que j’ai demandé pour toi ne va pas tarder à arriver. Profites-en sans hésiter. Tu ne me dois rien et je n’attends rien en retour. Mets-toi en valeur. Ça te fera du bien et tu échapperas peut-être ainsi aux pires avanies. Bon courage pour ta future vie… Je n'avais aucune envie de me mettre en valeur ni d'exister à travers une apparence. Je n'étais pas non plus persuadée que cela me protégerait en quoi que ce soit. Tant que j'étais dans ce cachot, rien ne changera. Alors qu'il s'apprêtait à s'en aller pour de bon, je repensai à ses mots. Je te souhaite de trouver un maître compréhensif. Lui n'était pas compréhensible, mais selon ses dires, il était plus louable que ses confrères. Croire un Paliontos était comme lui vendre son âme, mais je ne pense pas avoir plus à perdre... Il ne me restait que mon intégrité et ma vie.

    J'ignorais ce qui avait le plus de valeur : qui je suis ou être ? Si je cesse d'être, j'abandonnais pour de bon toutes les personnes qui m'étaient chères. Si je cessais d'être qui j'étais, alors une fois tout cela terminé, je devrais me construire à nouveau, accepter ce que cet endroit a fait de moi. J'avais peur de cela, tellement peur... Mais c'est dans la peur que se trouve le courage, me disait mon frère. Étais-je seulement prête à faire ce saut dans le vide ? Je n'étais pas douée pour faire des choix à la hâte ou pour me jeter dans l'inconnu. Cependant, ses pas allaient le mener hors de ma cellule. Attendez, lançai-je d'une voix à peine audible à cette distance. Je n'étais absolument pas sûre de moi, mal à l'aise et hésitante. Mais faire marche arrière n'était pas une possibilité que je me laissai envisager. Je m'appelle Leean, mon nom n'avait aucune importance, c'est un fait : ni titre, ni terres, à quoi bon s'en embarrasser. Vous avez raison, je ne suis pas une Méliana. Je déglutis avec peine, me cherchant un prétexte de ne pas regretter mes paroles. Ni une noble d'une quelconque famille, je n'ai pas de valeur à vos yeux et je suis encore moins une... commande, avouai-je avec une once de dégoût d'émettre l'hypothèse d'être réduite à l'état de marchandise. Je suis la dernière à penser que la guerre pourra panser les plaies de Noriendell et je n'ai pas envie de demeurer dans ces cachots... Il serait mon échappatoire au sort que me réserve le roi. S'il est mon maître, alors le roi ne pourra pas me donner à sa promise esseulée. Vous pouvez me faire sortir d'ici, n'est-ce pas ? Lui demandai-je à demi-mot, un appel au secours qui allait me propulser dans une toute autre fatalité. Je n'avais pas envie de lui faire confiance, mais le fait était qu'au point où j'en étais, je voulais le croire. Il ne s'est pas jetée sur moi et ne m'a pas fait de mal. Certes, ses paroles m'ont touché, certaines m'ont heurté, mais ce n'était rien comparé à ce que ses confrères m'ont fait subir. Serait-il mon salut ou ma condamnation ? J'en aurai bien assez vite le cœur net.


    [hrp : ok je me suis peut-être un peu laissée emportée XD]
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    MessageSujet: Re: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptyDim 26 Oct - 10:01

    À l’interpellation de l’esclave, le Palionto s’arrêta net à la porte du cachot. Il cassa son élan en se rattrapant d’une main à un barreau. Son visage arborait un sourire, pas nécessairement mauvais, mais machiavélique, c’était certain. Cependant, Leean ne pouvait le voir car le barbare lui tournait le dos, encore immobile. Le poisson venait de mordre à l’hameçon, c’était en tout cas ce que pensait Vran. Il pivota lentement, revint à sa place, et écouta sans l’interrompre ce que la jeune esclave avait à lui dire… Il essayait d’avoir l’attitude la plus neutre possible afin de ne rien révéler de ses visées, mais il faisait en sorte de ne pas perdre en crédibilité et conservait une âme de Palionto dans ses manières ainsi que dans ses paroles. Toutefois, à présent que le contact était établi, il pourrait adoucir quelque peu son comportement, cela était même préférable selon lui.

    Tout ce qu’elle voulut bien lui dire était somme toute assez secondaire, du moins aux yeux du barbare. Il faut dire que Vran ne brillait pas spécialement par son don d’empathie sinon quand cela pouvait lui être utile à quelque choses, c’est-à-dire quand cela servait ses plans tortueux. Il observa la captive d’un regard froid, dénué de sentiments. En fait, elle commençait à l’intriguer, il se posait des questions à son sujet.


    - Leean, hein ? Eh bien pourquoi pas ? Ça vaut bien un autre prénom. C’est un bon début, mais tu as certainement un nom de famille comme tout le monde ?

    Plus il en saurait, mieux ce serait, il y aurait peut-être des choses à creuser, certainement, même.

    - Bien-sûr, tu n’es pas une Méliana. Tes paroles tes considérations, ta seule façon de penser et d’envisager le monde sont typiques d’une Noriendellienne. Si tu savais, si vous saviez tous…
    Tu n’es pas noble, mais cela, je l’avais aisément deviné. Tu n’as pas les manières que procure une bonne naissance : il y a trop d’humilité chez toi, et d’envie de passer inaperçue. Une noble la ramènerait et essuierait de bonnes paires de baffes et des coups de pieds, sinon pire. Toi, tu es discrète, c’est un bon point. Cependant, vois-tu, il est faux de penser que tu n’as aucune valeur à nos yeux ou… à mes yeux. Cela nous ramène encore à ta façon d’envisager le monde… Vois-tu, je suis issu d’une famille d’esclavagistes et moi-même, je perpétue cette belle et noble tradition familiale. Alors, je suis bien placé pour te dire que tu as de la valeur. Une certaine valeur, pour ne pas dire… une valeur certaine…
    Cependant, qu’est-ce qui te rend aussi sûre que tu n’es pas une « commande » ? Comment le sais-tu ? Qui te dit qu’un Palionto ne va pas venir te chercher ? Hmmm ?


    Vran se leva, il alla jusqu’à l’entrée de la cellule et regarda à droite et à gauche afin de vérifier que les mots qu’il allait prononcer ne seraient pas entendus. Il revint s’asseoir auprès de la jeune prisonnière et s’adressa à elle plus bas, sur le ton de la confidence.

    - Écoute, ce que je vais te dire va sans doute te sembler cruel. Je suis là pour aider certaines d’entre vous, mais pas toutes. J’y suis contraint par un serment que j’ai fait il y a longtemps à un vieux paysan qui m’a aidé. Cet idiot voulait voir un Palionto commettre de bonnes actions. Je lui étais plus que redevable et un Palionto respecte toujours sa parole.

    Le barbare mentait aussi facilement qu’il respirait, c’était une seconde nature chez lui et il savait se montrer convaincant. Néanmoins, il lui arrivait assez souvent de s’étonner lui-même tant il se montrait doué pour échafauder des histoires qui semblaient plus vraies que nature…

    - J’ai du pouvoir et de l’influence, mais même ainsi, je ne peux pas tout. Seul Erom, notre souverain a tout pouvoir. S’il t’a remarqué, je pourrai difficilement faire quoi que ce soit pour toi. Autre chose : je sais que tu veux sortir d’ici, mais… j’aide les personnes qui en ont le plus besoin, celles qui se sentent en danger, en grand danger ou celles pour qui la situation est invivable ou risque de le devenir fortement. Qu’est-ce qu’une situation invivable ? Je te laisse l’apprécier. Les choses ici peuvent très rapidement dégénérer dans des proportions inimaginables…

    Le barbare attrapa le visage de la jeune femme entre le pouce et l’index de sa main droite.

    - Regarde-moi. D’où viens-tu ? Où as-tu été capturée ? Par qui et comment ? Depuis combien de temps es-tu là ? Et que s’est-il passé ici depuis ton arrivée ? Sur la base de ces informations, je pourrai juger de ce que je peux faire pour toi ou pas…
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    MessageSujet: Re: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptyDim 26 Oct - 13:19

    Burning heart and flesh
    Vran Arcadius & Leean Brawick
    L'idée que je fasse une bêtise n'est plus à débattre, j'en faisais une, c'était pour moi une certitude. Mais je continuais à penser qu'il valait mieux ça que de ne rien faire et de continuer à subir les lubies de Paliontos égarés. Les absurdités de la vie nous mènent vers des flots étranges dont le courant peut changer à tout instant : ce serait mon changement. Il allait m'aider. Je l'espérais... Si ce n'est m'aider, alors au moins me sortir d'ici. Vers un meilleur sort ? L'inconnu ne me fait pas peur, surtout pas depuis que j'ai vu de quoi étaient capables ces hommes. L'inconnu était forcément plus vivable que ces cachots dont la noirceur vous transperce l'âme et assombri votre cœur. Je ne veux pas laisser l'ombre s'emparer de moi, pitié Adalya... sauve-moi ! Il s'est arrêté, à mes mots, Vran Arcadius mit fin à son élan et après quelques instants, se tourna à nouveau vers moi. Je le regardai comme un chien battu regarderait son maître. Je ne me rendais pas compte du piège dans lequel je m'apprêtais à entrer de plein gré. Leean, hein ? Eh bien pourquoi pas ? Ça vaut bien un autre prénom. C’est un bon début, mais tu as certainement un nom de famille comme tout le monde ? Je plisse les yeux. Allait-il vraiment insister pour savoir qui j'étais ? Bien, si c'était ça le prix pour son attention, ce n'était pas cher payé. Mais je ne répondis pas, redoutant la force de sa curiosité. Les limites que je pourrais garder. Les éléments qui pourraient m'aider ou me sauvegarder.

    Son regard bien que douteux, traduisait une certaine envie de vraiment en savoir plus, de comprendre. Ses prunelles s'animaient comme si elles énonçaient sa réflexion. Je me méfiais des gens qui réfléchissaient trop. Toutefois, mes habitudes avaient pris du recul depuis ces derniers jours. L'épuisement ? Sans doute. Mais aussi mon esprit qui était constamment mis à l'épreuve : à force de se méfier, de craindre, de subir, on ne fait plus tellement la différence entre ce que l'on redoute et ce que l'on voit. Le mal vous hante de partout. Pourquoi je n'arrive pas à voir une lueur de bonté dans ses yeux ? J'avais tant envie de croire en ses belles paroles... mais une partie de moi s'y refusait toujours catégoriquement. Aller contre son instinct et ses intuitions, c'était contre nature. J'ai entendu dire que l'on finissait par devenir des animaux à force de rester dans cet endroit. Les animaux réagissent à l'instinct, par définition. Alors si je laissais les flots de ce courant me transporter et que je suivais cette personne, était-ce un échappatoire, une renonciation à cet état primitif qui me narguait ? Une théorie bien idiote et naïve, mais cela ferait l'affaire jusqu'à ma prochaine prise de conscience. Bien-sûr, tu n’es pas une Méliana. Tes paroles, tes considérations, ta seule façon de penser et d’envisager le monde sont typiques d’une Noriendellienne. Si tu savais, si vous saviez tous… Le Palionto restait évasif, mais je ne lui en tenais pas rigueur. J'écoutais, docilement. Tu n’es pas noble, mais cela, je l’avais aisément deviné. Tu n’as pas les manières que procure une bonne naissance : il y a trop d’humilité chez toi, et d’envie de passer inaperçue. Une noble la ramènerait et essuierait de bonnes paires de baffes et des coups de pieds, sinon pire. Toi, tu es discrète, c’est un bon point. Cependant, vois-tu, il est faux de penser que tu n’as aucune valeur à nos yeux ou… à mes yeux, déclara Vran Arcadius, touchant à mon plus grand désarroi ma curiosité. Ce n'était pas une bonne idée. Pas du tout. Cela nous ramène encore à ta façon d’envisager le monde… Vois-tu, je suis issu d’une famille d’esclavagistes, annonça-t-il. Je ferme un court instant mes yeux, regrettant déjà ce dans quoi je m'engageais à entretenir cette conversation. et moi-même, je perpétue cette belle et noble tradition familiale. Alors, je suis bien placé pour te dire que tu as de la valeur. Une certaine valeur, pour ne pas dire… une valeur certaine… Cependant, qu’est-ce qui te rend aussi sûre que tu n’es pas une « commande » ? Comment le sais-tu ? Qui te dit qu’un Palionto ne va pas venir te chercher ? Hmmm ? Termina l'homme. C'est vrai, techniquement, je ne pouvais pas le savoir. Sauf si le roi Erom était venu pour statuer sur mon devenir. Je n'étais pas une commande. J'étais une erreur qu'on allait transformer en animal de compagnie. Néanmoins, je gardai cela pour moi.

    De geste réfléchis et consciencieux, le Palionto regarda à l'extérieur du cachot. Faisait-il attention à ce que personne ne nous entende ? Pour ne pas se mettre en situation délicate. Mais je me forçai à penser autrement : pour ne pas qu'un garde ne soit mis au courant de son tour de magie pour me faire sortir d'ici. Si seulement... A ce jour, mon rêve le plus cher serait de quitter cet endroit. De retrouver ma famille. Croire qu'il allait m'aider à réaliser ce rêve était pure naïveté additionnée à de la stupidité. Je me contentai de croire qu'au moins, il me sortirait de ces cachots où chacun pouvait venir se servir en toute impunité. Disposer des prisonnières sans se soucier de qui elles sont et de ce qu'elles ressentent. Vran se rapprocha de moi et me confia : écoute, ce que je vais te dire va sans doute te sembler cruel. Je suis là pour aider certaines d’entre vous, mais pas toutes, expliqua le Palionto. J’y suis contraint par un serment que j’ai fait il y a longtemps à un vieux paysan qui m’a aidé. Cet idiot voulait voir un Palionto commettre de bonnes actions. Je lui étais plus que redevable et un Palionto respecte toujours sa parole, conclu-t-il. Une parole. Un Palionto était tout à fait libre de ne pas tenir ses promesses. Ils n'étaient que des sauvages, des barbares sans cœur. Leurs seules règles étaient dans la filiation et les titres, de quoi enrober toutes leurs atrocités et la noirceur de leurs cœurs. C'étaient eux les animaux. Peut-être que lui c'était différent. Peut-être qu'il était encore humain. Peut-être que je pourrais le croire sur parole, sans chercher plus loin, sans aller échafauder d'hypothèses sur les raisons qui le pousseraient ainsi à tisser ce mensonge. J’ai du pouvoir et de l’influence, je comptais bien là-dessus. Mais même ainsi, je ne peux pas tout. Seul Erom, notre souverain a tout pouvoir. S’il t’a remarqué, je pourrai difficilement faire quoi que ce soit pour toi. Autre chose : je sais que tu veux sortir d’ici, mais… j’aide les personnes qui en ont le plus besoin, celles qui se sentent en danger, en grand danger ou celles pour qui la situation est invivable ou risque de le devenir fortement. Qu’est-ce qu’une situation invivable ? Je te laisse l’apprécier. Les choses ici peuvent très rapidement dégénérer dans des proportions inimaginables… Effectivement, dit comme ça, tous mes espoirs s'effondraient. Je détourne le regard. D'autres filles devaient sûrement subir plus de mauvais traitements que moi. Je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il y avait toujours pire que moi. Purement caractéristique de mon altruisme : il m'était impossible de garder cette chance de s'en sortir rien que pour moi alors que j'étais encore en un seul morceau.

    Restant silencieuse, observant dans l'imaginaire tous les sévices que j'avais enduré, tentant de penser comment cela pouvait être pire. Une douleur me pourfendait le cœur. J'avais mal pour des personnes que je ne connaissais pas, qui n'avaient peut-être jamais été autant blessées. Je ne pouvais pas faire ça... Vran Arcadius allait devoir trouver une personne qui valait plus la peine d'être sauver que moi. Sans aucun geste brusque, il prit mon visage, maintenant mon menton vers lui de deux doigts. Il n'avait pas le toucher d'un barbare ou d'un travailleur. Non, il avait le toucher aussi doux qu'un bébé que l'on laverait chaque jour. Un noble. Regarde-moi. D’où viens-tu ? Où as-tu été capturée ? Par qui et comment ? Depuis combien de temps es-tu là ? Et que s’est-il passé ici depuis ton arrivée ? Sur la base de ces informations, je pourrai juger de ce que je peux faire pour toi ou pas… Mes yeux croisaient inéluctablement les siens. Une légère humidité naissaient dans les miens, peinée par l'abandon de tout espoir et par le souvenir de ce que j'avais déjà subi. Sur l'instant, je ne savais plus d'où je venais, ce que je faisais ici. Je lâchai prise, un vertige m'éprit, donnant l'impression que mon corps tout entier sombrait dans le néant. J'allais mourir ici. Plus d'illusion possible. Alors que les larmes perlaient dans le coin de mes yeux, je me décidai à refaire surface. J-je viens de Tanaïs, d'un petit village de paysans. J'ai été enlevée alors que je faisais une livraison au château Méliani, expliquai-je non sans peine. Penser à tout cela augmentait le vide qui se trouvait en moi. J'ignore qui m'a capturée. Le roi a dit que c'était une erreur, mais que de toute façon, vous ne relâchiez pas les prisonniers, expliquai-je sur un ton lourd de fatalité. Vous dire depuis combien de temps je suis là et sûrement tout aussi incertain... trois semaines, un mois, deux, on n'a aucun repère dans cette pénombre constante... Concernant ce que j'avais subi, les mots cessèrent de sortir.

    Comment expliquer toute cette souffrance, ce mépris et cette haine ? Ce bain d'horreurs traduisant les désirs les plus inavouables des hommes. Impossible. Je fermai les yeux, retenant mes sanglots, estompant les quelques larmes qui avaient roulé sur mes joues. Je ressentais le souffle de William, ses halètements, ses gémissements, je le ressentais lui en moi, ses mains brûlant ma peau glacée. Je ressentais les lames se balader sur mon corps et le lacérer, cet anneau aiguisait retenant mon cou. Et pourtant, je me considérais chanceuse. Je ne pense pas rentrer dans vos prérogatives, avouai-je d'une voix à peine audible. Vous pouvez aider des personnes qui en ont vraiment besoin, c'est tout à votre honneur. Je ne trouve pas cruel de votre part de devoir choisir. Si vous aidiez tout le monde, je ne pense pas que vos confrères vous laisseraient agir longtemps de la sorte. Parce que malgré leur force et leur férocité, les Paliontos aimaient la facilité pour soulager leurs besoins : une proie à torturer ou à pénétrer, dans les deux cas, ils devaient trouver de la complaisance à s'en prendre aux plus faibles, à dominer celles qu'ils pouvaient traîner plus bas que terre. Quelque part, je comprenais leur colère envers les Mélianas. Les femmes devraient être plus faibles, hors elles étaient leur égal, voire supérieures à eux. Cela devait être frustrant pour des hommes. Donc en un sens, la haine qu'ils déversaient aux prisonnières étaient logique. Inadmissible, mais logique. Une logique de barbares sans cœurs ni sentiments, rejetant toute leur humanité pour n'être que ces bêtes assoiffées de domination. Oh comme je vous plains Paliontos de ne point ressentir. Vous reniez les bons sentiments pour ne pas subir les mauvais, or la est toute la beauté de l'essence humaine : on ressent le mal pour apprécier le bien. Toute chose ici bas à son opposé, une dualité en toute chose pour légitimer l'existence de chaque éléments : le bien a le mal, l'homme la femme, l'amour la haine, la vie la mort, le blanc le noir. Mon nom est Brawick, murmurai-je une fois calmée.
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    MessageSujet: Re: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptyMar 28 Oct - 14:33

    Vran resta interdit, les yeux écarquillés. Elle était fascinante. Là, il tenait une vraie perle. Il se serait attendu à des jérémiades du genre :

    Non, moâ, moâ, pas une autre s’il vous plaît, aidez-moi !!!

    Cela aurait été marrant, de la voir le supplier, de voir cette façade dde feinte indifférence, de lassitude se craqueler, se fissurer en entrevoyant l’espoir, pour révéler enfin sa véritable nature de petite Noriendellienne salope prête à tout pour s’en sortir. Mais non. NON.

    Je ne pense pas rentrer dans vos prérogatives… Je ne pense pas rentrer dans vos prérogatives…

    Magique. Le barbare la regardait mi- étonné, mi- émerveillé. En fait, il avait le même regard que lorsqu’enfant, ses parents l’emmenaient voir des numéros de saltimbanques capables de faire des choses incroyables : cracher du feu, se contorsionner, faire rire, dompter des animaux… Le petit Vran savait qu’il verrait des choses formidables et en garderait un grand souvenir. Eh bien là, c’était un peu la même chose. Leean Brawick, elle, elle choisissait de se suicider, de se sacrifier parce que, sans doute, il y en avait d’autres qui avaient certainement plus besoin d’aide… C’était beau, c’était noble, c’était pathétique, c’était lamentable. Vran n’arrivait pas à déterminer si cela lui donnait davantage envie de la baiser ou pas. Baiser une jeune Noriendellienne pleine de bons sentiments, de bonnes intentions, droite, juste, honnête… Innocente ? Regarder l’innocence droit dans les yeux pendant qu’on la prenait, qu’on la réduisait à l’état d’objet de plaisir, voir l’innocence abdiquer sous les coups de queue… Le Palionto soupira à la pensée de ce fantasme naissant. Clairement, il la lui fallait, plus que jamais ! Il la lui fallait, et dans les meilleures dispositions pour pouvoir s’amuser avec correctement. Pas dans ce cachot crasseux, à la va-vite… Il se leva, réfléchissant, surtout à de futurs jeux pervers avec sa nouvelle victime désignée.

    - Ah, tu viens donc de Tanaïs. C’est… C’est un fait accablant pour nous… parce que c’est le territoire de nos ennemies héréditaires. Et en plus, tu faisais des livraisons chez elles. Donc, tu œuvrais à maintenir ces… catins Mélianas à flot… C’est, de mon point de vue, un facteur aggravant qui pourrait amener beaucoup de mes frères Paliontos à vouloir se venger de toi… Et…

    Vran se leva du tabouret et commença à arpenter la cellule en long, en large, et en travers comme s’il donnait une conférence devant un public nombreux ou qu’il faisait un plaidoyer devant un parterre de jurés réunis pour statuer sur le sort de Leean Brawick.

    - Et je pense qu’il y a de fortes chances pour qu’ils focalisent leur attention sur ta personne. Vois-tu, erreur ou pas, il est un fait que… Eh bien, oui, nous ne libérons pas nos prisonnières. Ce qui est fait est fait. Même si cela n’aurait pas forcément dû être fait. Les Paliontos ne reconnaissent jamais leurs erreurs car, par définition, ils ne commettent jamais d’erreur. C’est aussi simple que cela. Te rendre la liberté reviendrait à reconnaitre de manière implicite ou même explicite, que nous avons fait une erreur.
    C’est affreux. Tu faisais une livraison au château Méliani… Mes frères vont te détester pour cela. Non, tu ne dois pas être là depuis si longtemps que cela. Autrement, je pense qu’ils se seraient acharnés sur toi.


    Vran tendit le cou pour entrevoir en dehors de la cellule.

    - Tu viens de passer en premier sur ma liste. Et cela tombe plutôt bien parce que tu es là, entre nouveaux arrivages, esclaves mortes, torturées, placées ici ou là… Je dirais que c’est maintenant ou jamais si, éventuellement, je devais te sortir de ce… mauvais pas… Très mauvais pas… Une question de vie ou de mort, peut-être…

    À ces mots, des gardes arrivèrent, transportant de la paille qu’ils répandirent au sol afin de préserver la prisonnière du froid, de la crasse et de l’humidité. Le barbare leur fit place en sortant de la cellule, surveillant attentivement les opérations. Suivirent une nouvelle natte, nettement plus confortable, rembourrée de paille, des vêtements propres ainsi qu’un drap épais, suffisamment pour être opaque, et pourvu de crochets pour pouvoir être aisément suspendu. Arriva aussi un bac que l’on remplit au fur et à mesure d’une eau propre, chaude et fumante. Et enfin, une grande serviette et du savon. Vran commenta.

    - Bravo ! Bien ! Parfait : excellent ! Et vous savez ce qui arrive lorsque vous faites du bon travail et que je suis satisfait ?!

    Le Palionto délia sa bourse et distribua des pièces d’or aux gardes qui étaient intervenus.

    - Merci, merci à vous, merci, voilà, tenez, merci… À présent, vous voudrez bien nous laisser. J’ai certaines choses à faire avec cette petite putain facile, je suis sûr que vous comprendrez.

    Les gardes à la mine patibulaire se regardèrent en souriant d’un air entendu, puis s’éloignèrent, non sans jeter un rapide coup d’œil à la supposée victime. Vran attendit que le bruit des lourdes bottes s’éloigne et referma la porte du cachot.

    - Je les sens quelque peu… intéressés là, je ne serais vraiment pas surpris qu’ils veuillent vous rendre une petite visite après mon départ…

    Il s’empara du drap épais et le tendit de manière à dissimuler la cellule à la vue de regards indiscrets, puis se tourna enfin vers la jeune prisonnière.

    - Bien, Leean Brawick, il est temps pour toi de prendre un bon bain chaud, savonne-toi bien.

    Le barbare cala le petit tabouret face au bac fumant et s’assit en croisant les bras.
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    MessageSujet: Re: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptyMer 29 Oct - 1:11

    Burning heart and flesh
    Vran Arcadius & Leean Brawick
    Trop acharnée à trouver une cohérence à tout cela, entre sensation de cauchemar et de réalité, je ne décelais qu'à peine la surprise que ma réaction avait déclenchée sur mon visiteur. Balancée d'espoir en déception, je ne savais plus où j'en étais réellement. Comment tout ça allait bien pouvoir se terminer. Tous mes efforts jusqu'à présent furent vains. Pourtant, quelque chose en moi animait un désespoir qui me donnait l'illusion, un mirage, une étincelle encore vrillante. Avais-je encore une chance de quitter cet enfer vivante ? J'en doutais. Mais tant qu'il y a de la lumière, alors je pouvais espérer, pas vrai ? J'aurais pu supplier qu'on m'épargne, qu'on fasse tout pour que je reste en vie. Cependant, cela n'effacera pas la fatalité de mon destin. Alors que d'autres, d'autres pouvaient être assez fortes et audacieuses pour se faire un chemin vers la liberté. Quelques privilèges pour délier un tant soit peu leurs liens et ainsi leur offrir l'opportunité de s'enfuir ou de se battre pour leur vie. Je ne saurais me battre... La seule véritable haine qui avait pu animer en moi une envie de me battre s'était éteinte à l'instant où William m'avait appris la vérité sur le meurtre de mon père et de mon frère. Le recul m'a fait regretté cette culture de la colère et de la rage. Parce que ce sentiment noir que l'on ressent, qu'on laisse nous consumer, dés qu'on a la chance de l'extérioriser, il s'en va, tout simplement. Cela ne change pas le monde. Ça ne ramène pas les morts - paix sur leurs âmes - ça ne fait que s'envoler. Disparaître. La haine est un sentiment inutile qui ne fait que rabaisser l'être humain, le rendre primitif, comme ces Paliontos.

    Malgré ce que semblait en penser le roi, ma vie n'avait pas plus de valeur que celle d'une autre prisonnière. Je n'étais qu'un tas de peau et d'os qui hantait ce cachot. Avec mes espoirs s'échappant un à un, m'abandonnant à chaque fois qu'ils naissent. Je sentais la vie elle-même s'estomper, mon âme chavirer vers l'autre monde, me laissant spectatrice de moi-même. Loin de moi l'envie de mourir, et pourtant le fait d'être si faible physiquement et de perdre toute envie de combattre pour rester entre les vivants me donnait cette impression d'être déjà morte. Rime... je revois son visage guilleret, émerveillé par la moindre feuille tombant d'un arbre. Elle trouvait de la valeur en toute chose. Mon père me disait souvent que mon acharnement à toujours trouver le bon en quelqu'un l'avait influencé à un tel point qu'elle trouverait de la beauté dans une flaque de boue ! Rime...  Je ferme les yeux un instant, le cœur percé par cette pensée. Ma mère et elle me manquaient terriblement. Pensaient-elles que j'étais morte ? En tout cas elles étaient loin de pouvoir imaginer ce que je pouvais vivre entre ces murs... Heureusement. Elles en souffriraient et je refusais cela. Je préférais l'idée qu'elles aient fait mon deuil. Lorsque j'ouvre à nouveau mes yeux, j'aperçois le regard songeur et captivé de Vran Arcadius. Ah, tu viens donc de Tanaïs. C’est… C’est un fait accablant pour nous… parce que c’est le territoire de nos ennemies héréditaires. Et en plus, tu faisais des livraisons chez elles. Donc, tu œuvrais à maintenir ces… catins Mélianas à flot… C’est, de mon point de vue, un facteur aggravant qui pourrait amener beaucoup de mes frères Paliontos à vouloir se venger de toi… Et… Mes sourcils se froncèrent. Me reprochait-il sincèrement d'être née en Tanaïs ? Je comprenais bien que pour les Paliontos, toute personne aidant les Mélianas méritent le même sort qu'elles. Après tout, je ne suis jamais allée faire de marchés en Hérimor. Est-ce qu'il y en avait d'ailleurs ? Pour moi ces terres n'étaient qu'un désert d'ombres et de monstres. Cette image simpliste et enfantine me semblait pourtant de plus en plus représentative des réalités. Comme un conte pour terrifier les enfants, on sait que ce n'est pas réel. Mais pourtant, sur l'instant, on y croit ferment, jusqu'à laisser notre cœur bondir de stupeur à chaque fin de phrase.

    Était-ce cela ? Un conte d'horreur que je vivais ? Mon histoire, celle des prisonnières du château Paliontis, toutes les femmes ayant succombé de leurs blessures infligées par ces barbares, faisions-nous partie d'une légende qui enseignerait plus tard aux jeunes filles de ne pas sortir une fois la nuit tombée ? Si tout ça devait être une histoire à visée éducative alors ce serait pour empêcher aux bébés de sortir du ventre de leurs mères. Ne pas voir le jour. Car dés nos premier pas, tout peut dégénérer. Finir en guerrier sanguinaire dépourvu de sentiments au point de ne plus être humain, être enlevée à l'orée d'une forêt et découvrir toute la noirceur du monde en quelques jours. Chaque parent devrait avoir honte de vouloir donner vie à d'innocents enfants dans ces temps de guerre. Comme je souhaite ne jamais avoir d'enfants. Incapable de me protéger moi-même, que ferai-je d'une âme pure à veiller ? Les horreurs que je vivais, je ne les souhaitais à personne. L'idée qu'un membre de ma famille subisse le même sort me glace le sang. Quelque part, William fut clément avec mon père et mon frère. L'en remercierai-je de ne pas les avoir tourmentés ? Torturés ? Il les a tout de même tués. Sous ordre de son roi. Mais quand même de sa lame. Je n'étais pas assez ignorante des réalités pour lui accorder mon pardon. Mon hôte se leva, pensif et déterminé à la fois avant de reprendre sa tirade : et je pense qu’il y a de fortes chances pour qu’ils focalisent leur attention sur ta personne. Vois-tu, erreur ou pas, il est un fait que… Eh bien, oui, nous ne libérons pas nos prisonnières. Ce qui est fait est fait. Même si cela n’aurait pas forcément dû être fait. Les Paliontos ne reconnaissent jamais leurs erreurs car, par définition, ils ne commettent jamais d’erreur. C’est aussi simple que cela. Te rendre la liberté reviendrait à reconnaître de manière implicite ou même explicite, que nous avons fait une erreur. C’est affreux. Tu faisais une livraison au château Méliani… Mes frères vont te détester pour cela. Non, tu ne dois pas être là depuis si longtemps que cela. Autrement, je pense qu’ils se seraient acharnés sur toi, finit-il par conclure. Cela ne me donnait pas vraiment une meilleure notion de combien de jours j'avais passé dans ces cachots. Mais la relativité est telle que j'avais l'impression d'être là depuis une éternité.

    Quand tout est noir, à l'extérieur et à l'intérieur des âmes que l'on croise, tout perd de sa réalité. J'ai toujours vécu loin de la guerre, loin de la violence. La plus grande bataille à laquelle j'ai jamais assisté est un voleur à l'étalage qu'un garde de Valbrume avait assommé du pommeau de son épée ! Même quand mon père et mon frère se sont fait tuer, je n'ai qu'entendu les coups étouffant leurs vies. Le Paliontos s'arrêta un instant à la porte de la cellule pour observer ce qui se passait dans les couloirs alors que mes yeux étaient happés par le vide. Tu viens de passer en premier sur ma liste, lança-t-il en provocant chez moi une totale incompréhension. Sa déclaration me donnait l'impression que mon corps fondait, se liquéfiait. Je n'avais comme plus la force de réfléchir, de chercher à comprendre. Et cela tombe plutôt bien parce que tu es là, entre nouveaux arrivages, esclaves mortes, torturées, placées ici ou là… Je dirais que c’est maintenant ou jamais si, éventuellement, je devais te sortir de ce… mauvais pas… Très mauvais pas… Une question de vie ou de mort, peut-être… Je voulais lui demander pourquoi, pourquoi cette conclusion alors que pratiquement aucune énonciation de mes antécédents n'avaient été faite, comme il semblait le désirer un peu plus tôt. Avais-je, par mon intention de laisser une autre bénéficier de son aide précieuse, déclenché une pitié chez le Palionto ? Je ne voulais pas de cette pitié. Peut-être qu'à mon arrivée je me serais agrippée à cela, mais plus aujourd'hui. Si une fille devait avoir une chance de sortir d'ici, ce n'était sûrement pas moi.

    Avant de pouvoir prononcer mes interrogations, des bruits se firent entendre. Des pas, mais pas seulement. Une sorte de brouhaha de frottements, de coups rythmés par la marche de plusieurs hommes. Bravo ! Bien ! Parfait : excellent ! Et vous savez ce qui arrive lorsque vous faites du bon travail et que je suis satisfait ?! Mes yeux ne pouvaient que s'illuminer à la vue de ces gardes qui s'affairaient à aménager mon petit coin d'enfer. De la paille, un drap, des vêtements, un baquet qu'ils remplissaient d'eau tiède. Je me relevai avec hésitation, plus par manque de forces que par timidité. Je restai néanmoins collée au mur, évitant le moindre effleurement avec ces hommes. Merci, merci à vous, merci, voilà, tenez, merci… À présent, vous voudrez bien nous laisser. J’ai certaines choses à faire avec cette petite putain facile, je suis sûr que vous comprendrez. Sa demande me fit ciller, me coupant presque le souffle. Il me lança un regard complice. Cela me déplaisait, aucun doute. Mais en même temps, c'était le meilleur moyen pour être crédible... J'arrivais à être dégoûtée par des mots... Toutefois, lorsque tout votre esprit vous jure qu'il y a anguille sous roche, la moindre insinuation fait décoller vos sens. Cela n'a rien de particulièrement étonnant en fin de compte. Ils s'éloignent. Je les sens quelque peu… intéressés là, je ne serais vraiment pas surpris qu’ils veuillent vous rendre une petite visite après mon départ… Je ne puis m'empêcher de le regarder d'un air accusateur. Ces hommes se laisseraient même appâter par la simple évocation de la présence d'une femme. Alors leurs poser des idées déplacées de quelque manière que ce soit, ce n'était pas particulièrement futé. Mais de quoi allai-je me plaindre devant toutes ces attentions...

    Rapidement, je reportai mon regard sur le bain chaud qui m'appelait, hurlait mon nom, alors que Vran s'appliquait à couvrir la porte de la cellule avec le drap épais. Une once d'intimité. Ou tout du moins un semblant d'intimité. Cela restait appréciable. Bien, Leean Brawick, il est temps pour toi de prendre un bon bain chaud, savonne-toi bien, annonça le Palionto en s'installant sur son tabouret, face à moi, face au bain. Mes yeux devinrent des billes rondes. Allai-je vraiment prendre mon bain pendant que lui regardait ? Mon souffle s'accéléra. J'ignore ce qui m'effrayait le plus : ma pudeur envolée ou l'idée d'un regard lubrique se posant sur moi ? Je détourne les yeux, repensant à cette fois où le roi avait exposé ma nudité à ses gardes, et ces fois où William avait dévisagé mes contours. Cela me répugnait de songer à leurs pensées dans ces instants. Mais était-ce là le prix d'un bain ? Oh j'avais presque oublié le bien-être que procurait la sensation d'être propre, lavé des dures journées de labeur. Je restai immobile de longs instants avant de me décider. L'étais-je, décidée ? Je n'en savais rien. Le bain était là, bouillonnant, et moi j'étais là, glacée jusqu'aux os. Mordillant mes lèvres comme si ça pouvait canaliser ma peur et me laisser réfléchir clairement l'espace de quelques secondes, je finis par abandonner mes haillons dans des gestes lents et maladroits, tentant de cacher la moindre parcelle de mon corps, les cicatrices encore rouges et mon intimité. Doucement, j'entrai dans le bain. L'eau n'était pas forcément très chaude mais une chose était sûre : mon corps était gelé comme un corps nu en plein hiver. La différence de température me fit frissonner le temps que mon corps ne s'adapte.

    Le bac était étroit, il me fallait garder mes genoux près de moi. Quand bien même il aurait été plus grand, j'aurais tout autant gardé mes genoux aussi près afin de masquer ma poitrine. Vran était à la gauche du bain. Je le voyais du coin de l'œil sans vraiment le vouloir. J'aurais aimé avoir des œillères, pouvoir l'occulter de mon champ de vision et ainsi croire qu'il ne me regarde pas. J'étais gênée, si gênée que je peinai à prendre le savon. Fermant les yeux, j'œuvrai pour reprendre mon calme olympien. Inspirant et expirant longuement. Je les ouvris à nouveau et me décidai à me laver, m'efforçant de croire qu'il n'était pas là. Je portai au creux de ma main de l'eau pour laver mes cheveux dont les pointes baignaient déjà dans l'eau et frottai ma peau du peu des forces qui me restaient. L'endroit était sale, les choses que j'avais vécu l'étaient tout autant. Un simple bain ne suffirait pas à me sentir propre à nouveau. Il en faudrait des dizaines ! Me concentrant sur mon envie de me débarrasser de toute cette crasse qui m'étreignait depuis trop de temps, je finis par ne plus porter d'importance au regard de Vran. Je ne dirais pas que finalement une confiance s'installait, mais disons plutôt que je m'étais fait une raison. Le pour et le contre de sa présence. Mieux valait un regard que des dizaines. Mieux valait un regard et un bain que de se salir jusqu'à en tomber malade. Mourir d'une maladie dans cet enfer serait le paroxysme de la malchance ! Peu à peu, je mettais moins de ferveur dans mes gestes. Merci... murmurai-je sans pour autant le regarder. Je me sentais coupable de profiter de ce qu'il m'offrait. J'avais l'impression de m'être donnée à l'ennemi. Car même si je n'étais pas une Méliana, je ne portais pas les Paliontos dans mon cœur. Ils n'y auraient jamais leur place. Mais dans l'horreur descriptive de la condition des prisonnières Paliontos, cet homme méritait une certaine reconnaissance. Et stupidement, je commençais à croire qu'il cherchait à, quelque part, palier au comportement de ses confrères en apportant un peu d'aide aux captives. Je commençais à croire que tous les résidant de ce château maudit n'étaient pas obligatoirement des monstres. Croire en l'humanité d'un Palionto était plus absurde que de croire qu'un jour la reine ou les Mélianas feront quelque chose pour nous sortir d'ici, mais sur l'instant, je voulais y croire. Comme on croit aux histoires des contes lorsqu'on nous les racontes avec assez de conviction pour leur donner vie...
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    MessageSujet: Re: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptyVen 31 Oct - 12:57

    Vran la regarda attentivement se déshabiller. Ce n’était pas tant le spectacle qu’elle allait lui offrir qui l’intéressait - il la voulait pour cela bien préparée - que la façon dont elle évoluait. Elle hésitait, ses gestes étaient lents, maladroits. De toute évidence, la présence du barbare l’indisposait, mais c’était ainsi. La pauvre créature se mordillait les lèvres. Elle trahissait ainsi son angoisse. Elle se décida enfin à laisser tomber à ses pieds le chiffon immonde qui lui servait de vêtement. Il avait été blanc un jour, propre, ce n’était plus le cas du tout aujourd’hui.

    Le Palionto restait impassible, étudiant la jeune femme. Elle était grande, élancée, jolie, avait des formes, une belle poitrine. Sur le marché, elle vaudrait cher. Mais elle n’irait pas sur le marché, Vran en ferait sa petite chose docile et obéissante. S’il se lassait d’elle, il l’offrirait ou la vendrait à un puissant en échange d’une bonne somme d’argent ou d’un important service. Mais pour l’instant, cela n’était pas d’actualité, le barbare prévoyait de s’amuser longtemps avec elle.

    Il était divertissant de la voir se donner du mal pour dissimuler chaque parcelle de son corps. C’est pour cela que Vran l’aimait bien. Elle était avant tout un caractère. Honnête, intègre, altruiste, généreuse, prude, réservée. Elle était parfaite pour le jeu. Toute l’habileté consisterait, bien entendu, à opérer chez elle de subtils changements. Pour cela, il lui faudrait un maître patient, intelligent, et beaucoup de doigté. De l’expérience. Tout compte fait, Vran lui rendrait un fier service, il lui sauverait peut-être la vie. Des esclaves comme elle, il en avait vu périr sous le joug impitoyable de ses frères trop durs, pas assez raisonnés et raisonnables. Le barbare, lui, voulait juste lui faire découvrir de nouveaux horizons, insoupçonnés, et qui sait, peut-être aimerait-elle-même cela. C’était même certain.

    À ses remerciements, Le Palionto resta de marbre, ne répondant rien. C’était néanmoins une délicate attention, peut-être le début d’un sentiment de reconnaissance. Très bien, plus elle se sentirait redevable, plus le piège se refermerait sur elle.


    - Leean tu avais réellement tout à gagner à te défaire de ces oripeaux crasseux. Tu t’épargneras ainsi bien des maladies de peau dont on peine à se débarrasser par la suite. Ma présence t’incommode ? Dis-toi que suis ici pour donner le change. Que penseraient les gardes, dis-moi, s’ils me voyaient te laisser seule pendant que tu prends ton bain ? Cela ne fait pas partie de nos mœurs.
    Je te vois empruntée, prostrée dans ton bain pour éviter de m’en montrer trop. Cesse de te comporter comme une bécasse. D’une part, tu ne pourras te laver en restant recroquevillée dans ce bac étroit, d’autre part, des esclaves nues, j’en vois très souvent. Pour toi, c’est ton intimité, pour moi, ce n’est qu’un corps de plus parmi tant d’autres. Respire, détends-toi, relève-toi, et fais ce qu’il y a à faire.


    Le Palionto croisa les bras, contrarié. Son regard était sombre. Il y avait un détail qu’il n’avait pas du tout apprécié.

    - Quel est le fils de chienne qui t’a fait ces marques un peu partout ?

    Si beaucoup de Paliontos ne voyaient pas plus loin que leur satisfaction immédiate, Vran, lui, avait appris à réfléchir d’abord et avant tout en marchand de corps, cynique, froid, et calculateur.

    - J’ai horreur qu’on abîme la marchandise. Un jour, un de mes employés a eu la très mauvaise idée de céder à la tentation. Il a, disons… violenté une jeune femme, il est vrai, à la beauté remarquable, se servant d’un couteau pour la contraindre. Elle s’est débattue, ce qui lui a valu quelques cicatrices. Ses cris, même étouffés, ont alerté du personnel. Une chance pour elle. Ce… fauteur de troubles… puisqu’il aimait jouer avec les couteaux, a été puni par là où il a péché. Je lui ai fait trancher la langue et les mains. Quant à sa queue…

    Vran sourit.

    - Je me devais de frapper les esprits. Elle a été jetée aux charognards. Oh, le travail a été bien fait. Par un bourreau de métier, un gaillard intelligent qui prend des cours de médecine à ses moments perdus. Enfin, médecine, c’est un bien grand mot… Et donc, mon ancien « employé », il vit encore. Il fait la manche à Valbrume, avec un certain succès à ce qu’on dit… Pourtant ce n’était pas gagné pour lui… Quelques difficultés à tendre la main.

    Le barbare eut un rire franc.  

    - Bah, je le vois de temps en temps quand je me rends à la capitale… Je me demande s’il ne serait pas un peu rancunier car je ne le trouve pas très bavard… Bref. On verra plus tard ce qu’on peut faire pour ces marques.

    Le Palionto rejeta la tête en arrière et ferma les yeux comme pour savourer cet instant durant lequel il s’en ouvrait à la jeune esclave.

    - Prochaine étape, te sortir de cet égout. L’argent ne fait malheureusement pas tout ici. Ça aide bien, mais les gardes sont aussi bêtes et sous évolués qu’ils sont cruels et vénaux. Il faudra trouver la bonne combinaison, celle qui les convaincra d’accepter que je les soudoie pour t’emmener avec moi. Parfois, ils m’amusent, parfois, ils m’ennuient avec leur mentalité infantile…
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    MessageSujet: Re: Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius   Burning heart and flesh ♦ Vran Arcadius EmptyVen 31 Oct - 20:12

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    La neutralité effective du Palionto parvenait à me faire un peu oublier sa présence. Même si son regard me gênait, au moins il restait discret. On pourrait croire que l'exhibition peut s'apprendre à force d'être exposée aux regards, mais je ne parvenais pas à concevoir l'idée d'être regardée nue. Encore un peu d'estime de moi-même résistait à ne pas me résigner devant les atrocités que l'on m'infligeait. Devant les ordres que l'on me forçait à respecter. Une marionnette qui avait encore sa conscience, une once d'intégrité qui n'allait pas s'échapper si facilement. Cette essence qui me faisait encore ressembler à moi-même. Je me perdais, entre ces murs, m'oubliais, j'en venais à penser à de mauvaises choses comme de trouver un sens à la guerre qui pourtant fait tant de mal autour d'elle, à penser que certains Paliontos mériteraient peut-être de souffrir autant que nous souffrions. Vouloir du mal à quelqu'un, c'est là une pensée que jamais je n'aurais eu auparavant... Mais qui sait si un jour je pourrais retourner à ma vie d'avant ? A quoi sert de se raccrocher à qui l'on est lorsqu'on ne sait pas si un jour on retrouvera l'environnement qui nous a forgé ?

    Peut-être que jamais je ne reverrai ma sœur, ni ma mère. Peut-être que je ne remettrai plus les pieds dans un champ fertile. Peut-être ne travaillerai-je plus la terre. Peut-être n'irai-je plus jamais vendre nos marchandises aux marchés. Peut-être que je ne verrai plus aucun visage amical et cordial. Peut-être ne reverrai-je plus jamais une personne normale qui ne me voudrait pas de mal. Dans cette optique, il faudrait donc que je m'oublie vraiment, que ce qui reste de moi soit intégralement brisé et que je devienne quelqu'un d'autre pour survivre. Une personne qui se bat pour ce qui lui reste, pour ce qu'elle pense : ses principes, ses valeurs. Se battre. Rien que le mot m'effraie en vérité... Je ne crois pas être capable de changer à ce point. Je tenais le rôle d'un martyr pour une cause que j'ignorais. Y en avait-il seulement une ? Est-ce qu'il y avait un sens à toutes ces douleurs ? Le fait que cela ne soit que l'œuvre d'une erreur amplifiée par les lubies du monarque, l'idée que tout ça ne soit que le fruit du hasard, qu'il n'y ait aucun sens, aucun but, juste celui de procurer le plaisir de ce tyran dégénéré, c'était encore plus effrayant... Vran était finalement une trêve. Ni bon, ni mauvais. Il avait au moins l'air d'être un homme de parole, si toute fois il était honnête dans ses mots. J'en doutais fort, mais mon besoin de croire que tout ne pouvait pas être totalement noir chez les Paliontos me faisait croire en ce qu'il me promettait.

    A tord ou à raison, pour l'instant je l'ignorais. Je le saurai bien assez tôt dans tous les cas, tentai-je de me convaincre. Loin de penser tout l'engrenage qui se mettait en place. Un château de carte sur un sol tremblant, où tout menaçait de s'effondre. S'il s'appropriait ma personne alors que le roi tient aux plans qu'il a dessiné pour moi, tout basculera et ma tête pourrait bien rouler par terre que personne ne serait offusqué. Une femme qui ment, une esclave déloyale, cela importait peu qu'une telle personne vive ou meurt à leurs yeux. S'ils voulaient des femmes, ils allaient en capturer de nouvelles, innocentes et fragiles. Ils les asserviraient pour qu'elles finissent par croire que la seule façon de sortir d'ici c'est d'accepter d'être l'esclave d'un homme, aussi horrible puisse-t-il être. C'était comme choisir la peste ou le choléra : les deux sont horribles, à nous de choisir celui qui nous paraît le moins pire. Leean, tu avais réellement tout à gagner à te défaire de ces oripeaux crasseux. Tu t’épargneras ainsi bien des maladies de peau dont on peine à se débarrasser par la suite, déclara le Palionto. C'était une évidence, et sûrement la raison qui me poussait à passer outre sa présence... Ma présence t’incommode ? Devina-t-il sans mal. Dis-toi que suis ici pour donner le change. Que penseraient les gardes, dis-moi, s’ils me voyaient te laisser seule pendant que tu prends ton bain ? Cela ne fait pas partie de nos mœurs, justifia Vran. Doucement, j'hausse les épaules, acquiesçant.

    Cet homme était calculateur et intelligent, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. En parallèle, cela attisait ce côté méfiant en moi qu'il me fallait combattre. Je te vois empruntée, prostrée dans ton bain pour éviter de m’en montrer trop. Cesse de te comporter comme une bécasse. D’une part, tu ne pourras te laver en restant recroquevillée dans ce bac étroit, d’autre part, des esclaves nues, j’en vois très souvent. Pour toi, c’est ton intimité, pour moi, ce n’est qu’un corps de plus parmi tant d’autres. Respire, détends-toi, relève-toi, et fais ce qu’il y a à faire. Un corps nu d'esclave parmi tant d'autres. Là était tout le problème des Paliontos : pour eux, cela n'avait pas d'importance. Ils nous voyaient comme de simples petits animaux de compagnie. Ce que l'on peut ressentir n'a aucune importance à leurs yeux. D'autant plus que dans le cas présent, le Palionto était un marchand d'esclave. De la chaire à vendre, c'était la seule image que je lui renvoyais. Une personnalité, une conscience ? A quoi bon, tant qu'un être humain lui rapporte de l'argent, ce n'est qu'une marchandise. Je me comparai à ces légumes que je plaçais sur mes étales aux marchés. Les gens les touchaient, les observaient, les jugeaient, les achetaient ou passaient leur chemin. Cela me rend triste... A juste titre. Si j'acceptais de le suivre, alors j'acceptais ce risque de me retrouver dans cet état de marchandise. La vendeuse vendue, cela pourrait même faire une accroche... Pathétique.

    Prenant une inspiration, je réprimai ces pensées qui n'avaient pour seul effet que d'accroître mes craintes à l'égard de Vran Arcadius. Quel est le fils de chienne qui t’a fait ces marques un peu partout ? Demanda sèchement le Palionto. Je déglutis, priant pour qu'il n'insiste par sur ce point. Mes cicatrices n'avaient pas pu passer inaperçues, c'est un fait. Mais je ne pouvais pas nier que l'idée de voir Vran insulter son roi avait un côté apaisant. L'insulte entraînait malheureusement la mère de celui-ci, qui, j'en suis sûre, n'avait rien à voir avec la monstruosité effective de son rejeton. Je secouai la tête de droite à gauche, refusant de m'étaler sur le sujet. Ces marques ne se sont pas faites seules. La perspicacité de Vran l'amènera certainement à la conclusion que c'est un Palionto, ce qui n'est pas faux. Je n'étais pas supposée connaître tous les barbares qui traînaient dans les cachots, ce n'était qu'un mensonge par omission, cela était tout à fait dans mes cordes. C'était probablement le seul mensonge qui m'était donné de rendre crédible plus d'un instant. J'étais mauvaise actrice, mais je contrôlais plus aisément mes mots que mes sentiments. Cela m'autorisait un certain confort. J’ai horreur qu’on abîme la marchandise, dit-il en faisant à nouveau allusion à l'esclavagisme. Un jour, un de mes employés a eu la très mauvaise idée de céder à la tentation. Il a, disons… violenté une jeune femme, il est vrai, à la beauté remarquable, se servant d’un couteau pour la contraindre. Elle s’est débattue, ce qui lui a valu quelques cicatrices. Ses cris, même étouffés, ont alerté du personnel. Une chance pour elle. Ce… fauteur de troubles… puisqu’il aimait jouer avec les couteaux, a été puni par là où il a péché. Je lui ai fait trancher la langue et les mains. Quant à sa queue… Portant peu à peu mon regard vers Vran, j'écoutais son histoire, presque captivée, crispant mon visage au rythme de la violence que je n'osais imaginer.

    Bien que c'était pas pur intérêt, sens des affaires, il avait vengé l'esclave, fait en sorte que sa douleur soit punie. Un sens de la justice détourné. Peut-être que c'était mieux que rien. Je me devais de frapper les esprits. Elle a été jetée aux charognards. Je ferme quelques secondes mes yeux et détourne le regard. Oh, le travail a été bien fait. Par un bourreau de métier, un gaillard intelligent qui prend des cours de médecine à ses moments perdus. Enfin, médecine, c’est un bien grand mot… Et donc, mon ancien « employé », il vit encore. Il fait la manche à Valbrume, avec un certain succès à ce qu’on dit… Pourtant ce n’était pas gagné pour lui… Quelques difficultés à tendre la main. J'ignorais ce que j'étais en droit d'attendre, d'espérer. Trouver quelqu'un qui me considère comme un être humain dans cette jungle Palionto semblait impossible. La seule personne avec qui j'ai pu échanger autre chose que de la violence ne me considérait aucunement, tout simplement. Une personne qui me prend pour son objet mais qui est soigneux envers ses affaires et sûrement préférable à un maître qui se jouerait de me violenter, entre la peste et le choléra, entre l'objet et l'esclave, je préférais peut-être l'objet. Vran était cruel, mais il semblait avoir un certain sens de l'honneur. Ses pensées étaient probablement manichéennes si elles n'étaient pas en relation avec ses affaires, mais au moins je parvenais à comprendre. Si je me tiens à carreau alors rien ne m'arrivera. Restait à savoir ce qu'il pourrait attendre de moi... pour éviter de me retrouver dévorée ou autre...

    Le rire du Palionto me laissa un frisson mauvais. Il faudrait que je m'y fasse, à cette cruauté, ce sens malsain. Je ne pense pas en être capable, mais il me faudra essayer. Bah, je le vois de temps en temps quand je me rends à la capitale… Je me demande s’il ne serait pas un peu rancunier car je ne le trouve pas très bavard… Bref. On verra plus tard ce qu’on peut faire pour ces marques. Je reste silencieuse mais attentive à chacun de ses mots. Il a une certaine élocution qui pourtant ne le trahis pas. Prochaine étape, te sortir de cet égout, finit-il par dire. L’argent ne fait malheureusement pas tout ici. Ça aide bien, mais les gardes sont aussi bêtes et sous évolués qu’ils sont cruels et vénaux, à cela je ne pouvais pas lui donner tord. Il faudra trouver la bonne combinaison, celle qui les convaincra d’accepter que je les soudoie pour t’emmener avec moi. Parfois, ils m’amusent, parfois, ils m’ennuient avec leur mentalité infantile… Amusé.... cela était bien les paroles d'un Palionto. De mon point de vue, ils n'avaient rien d'amusant, loin de là. C'étaient plutôt eux qui s'amusaient de nous, les prisonnières. Ils se délectaient de notre malheur, de notre désespoir. Ils m'ont déjà laissée sortir... commençai-je d'une voix faiblarde en pensant à cette fois où ils m'avaient amenée à la chambre de William. J'ignore comment vous fonctionnez mais... ils pourraient me laisser sous votre responsabilité... proposai-je, ce qui insinuait explicitement mon accord quant à lui appartenir. Au moins cela m'épargner d'avoir à y penser à deux fois... Je le regretterai sûrement, mais sur l'instant, j'avais besoin d'y croire, il me redonnait espoir malgré sa cruauté avouée. Je me jetais dans la gueule du loup comme un dernier geste. J'aimais croire qu'il m'offrirait, si ce n'est la liberté, un autre avenir, moins lugubre, moins morbide que ce cachot...
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